Une nuit avec Jean-Pierre
Projet d'un refuge de Haute-Montagne en Vallée d'Ossau
Lauréat du Concours "Construire en Pierre Structurelle" 2019 · La Pierre jamais seule
Jean-Pierre : Surnom amical donné par les béarnais au pic le plus emblématique de la région: le Pic du Midi D’Ossau.
Les Pyrénées sont un territoire dont l’usage a beaucoup évolué ces dernières décennies. De terres isolées occupées principalement par des bergers qui utilisaient les ressources de la montagne pour leurs troupeaux, les Pyrénées sont devenues une zone attractive pour les randonneurs en quête d’un exploit sportif ou tout simplement d’un contact plus direct avec la nature.
Au fur et à mesure se sont substitués aux «courtaous» cabanes en pierre construites par les bergers, les nombreuses constructions contemporaines, faites en béton, aptes à recevoir les touristes dans les pratiques modernes des sports alpins.
Comment un refuge peut-il être un espace faisant lien entre l’histoire d’un lieu et son usage actuel ?
Dormir au coeur de la Vallée d’Ossau
Le projet prend place à la frontière du Parc National des Pyrénées, sur les hauteurs de la vallée d’Ossau, à 1988 m. Les températures y varient entre -5 et 19°C avec d’importantes chutes de neige en période hivernale. La vallée se caractérise également par son paysage très minéral. Les roches présentes sur place sont principalement sédimentaires : grès pélitiques de couleur lit-de-vin, calcaires sont très utilisés dans les constructions.
En été de nombreux promeneurs fréquentent la vallée et campent au bord du Lac du Gentau par manque de place dans les différents refuges. Il existe alors une importante pression anthropique dans cette zone riche et fragile que le projet propose d’apaiser.
L’approche territoriale
Pour en faire un lieu de rassemblement à l’échelle de la vallée, l’édifice se place dans un lieu stratégique, au bord du lac du Gentau, sur un éperon rocheux. Cette position en fait un édifice visible depuis l’autre versant de la vallée et donc un but à atteindre pour tout randonneur.
Carrefour de plusieurs chemins de randonnée, le refuge devient également un lieu de rencontre pour plusieurs populations (les bergers, les grands randonneurs mais également les familles réalisant de petites randonnées)..
La ligne devenue point
Cette inscription dans le territoire se traduit également par la figure architecturale développée.
En effet, pour répondre au mieux au contexte, le bâtiment se traduit par une ligne. Elle oriente le regard, par un jeu simple et sensible, vers l’un des symboles de la région, elle relie les deux lacs à ses extrémités, elle sépare pour créer une véritable porte cérémonielle donnant sur le parc National des Pyrénées. Cette figure de la ligne devient point de rassemblement.
La pierre, le bois et le paysage
Le projet questionne enfin la façon d’habiter le paysage. Par différents dispositifs, par l’usage de la pierre et du bois, le refuge met en scène le paysage. La pierre, symbole de la permanence, évoque le paysage minéral qui entoure le projet. Elle lie intimement le refuge à son site. Le bois, lui, fait vivre le refuge. Ensemble, ils se mettent en scène autour de la fenêtre, du belvédère ou de la fontaine pour parler au mieux du paysage.
